Le dernier film de Terrence Malick s’ouvre sur de
magnifiques images de Paris et du Mont-Michel, où Marina et Neil filent le
parfait amour. De Neil, on sait peu de choses, mais de Marina, on apprend dès
l’entame du récit qu’elle a vécu une grande déception amoureuse dont,
aujourd’hui, elle est revenue. L’amour la fait renaître. Accompagnée de sa
fille, la virevoltante Marina suit alors Neil le taciturne aux Etats-Unis.
On aurait tort de penser que Malick devait continuer d'exploiter le même sillon que celui qu’il avait creusé notamment avec The New World et The Tree of Life. On se gardera donc d’évaluer To the Wonder à l’aune de ses illustres prédécesseurs. D’un abord
certes plus simple que ceux-ci, To the
Wonder n’en tient pas moins un propos d’une toute autre nature. Aussi, ce
qui pourrait sembler à d’aucuns comme une caricature par Malick de son propre
style, comme un excès, me paraît au contraire très beau et, comme si cela y
était intimement lié, plein de sens.
Désormais, Malick ne fait plus appel à une résonnance
temporelle – comme dans The Tree of Life
– ni géographique – comme dans The New
World. En effet, s’il y a bel et bien mise en perspective, celle-ci ne se
résume pas à un étirement, mais plutôt à un gonflement.
Les Cahiers du Cinéma parlent d’un « montage de l’intérieur ». La
manière qu’a Terrence Malick de filmer l’environnement dans lequel Marina et
Neil se meuvent m’évoque le vent qui gonfle le linge blanc suspendu à un fil,
qui caresse les champs de blé et les fait ondoyer, la folle intumescence des
flots. La Terre est habitée.
Terrence Malick ne recentre pas son propos sur les seuls
personnages. Il continue au contraire de les inscrire dans le grand Tout qui
les enveloppe, de part et d’autre de l’océan Atlantique. Aussi, paradoxalement,
ce n’est pas dans l’imposante abbaye du Mont Saint-Michel – Marina et Neil
gravissent le Mont au début du film, et atteignent la Merveille – que l’on
trouve Dieu. C’est au contraire dans chaque mouvement de caméra embrassant la
Nature, porté par un souffle divin. Dans cette nouvelle perspective, mais en
écho avec The Tree of Life, on
retrouve alors cette tension chère à Malick : celle entre la Nature – Neil
– et la Grâce – Marina.